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Fondation Jean Jaurès

Bernard POIGNANT

Janvier 2020

Plusieurs chemins conduisent à devenir rocardien. Certains ont croisé Michel Rocard quand il accueillait les déportés à l’hôtel Lutétia à Paris. D’autres l’ont connu aux Éclaireurs unionistes, à Sciences Po ou à l’ENA. Son engagement contre la guerre d’Algérie, puis au PSU ont attiré vers lui de nombreux militants, impressionnés par les risques qu’il prenait et séduits par la pertinence de ses analyses et la sincérité de ses propos. Tout cela selon les générations.

Je n’ai rien vécu de ces périodes puisque j’avais 16 ans quand les accords d’Évian ont été signés. Même en 1969, pour l’élection présidentielle, Michel Rocard n’a pas bénéficié de mon vote. J’ai choisi Mendès-France par Defferre interposé... ! On peut même être rocardien sans le savoir ! Le déclic fut son discours au congrès du Parti socialiste à Nantes en juin 1977. Je n’étais pas hostile à François Mitterrand mais je sentais que Michel Rocard avait raison. Je me retrouvais dans le socialisme qu’il décrivait. Sans doute ma spécificité bretonne me portait vers ses analyses. La Bretagne fut en effet une terre de ses succès.

Puis, après les élections législatives de mars 1978, est venu un travail à ses côtés. C’est à ce moment que je l’ai découvert. Sa formule : « parler vrai » me convenait même si elle a pu lui jouer des tours. Car les Français n’aiment pas toujours entendre la vérité sauf si elle ne les dérange pas. Mais il persévérait, y compris dans des meetings où la passion et l’émotion sont plus présentes que la raison ! Il faisait toujours appel à l’intelligence des citoyens, convaincu que dans la vie publique, il faut faire comprendre et refuser de faire peur.

Au final, ce qui m’a le plus séduit et continue à le faire, c’est l’effort constant de Michel Rocard pour réduire l’écart entre la promesse nécessaire pour conquérir le pouvoir et la pratique quand vient le temps de son exercice. Il se refusait à dire : on promet, après on verra, on s’en arrangera...! Il y a toujours un écart, mais il le voulait le plus petit possible. J’ai toujours pensé que c’était une explication de son audience auprès de l’opinion nationale, européenne et au-delà. Michel Rocard fait partie de celles et de ceux qui auront marqué les 86 ans de son parcours de vie.

Bernard POIGNANT

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