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Fondation Jean Jaurès

Jean-Claude PETITDEMANGE

Septembre 2021

Mon intérêt pour la chose publique date de la fin des années 60, précisément fin 1967, quand je me suis mis à la lecture du journal Tribune Socialiste, organe du PSU. Cette formation politique, aujourd’hui disparue, était issue principalement de la scission de la SFIO et de quelques autres groupes et clubs politiques de la gauche. Celle-ci me semblait être le lieu où la gauche se réinventait et qui, par certains aspects, était un parti visionnaire sur l’évolution de la société française. C’est donc au courant de l’année 68 que j’ai franchi le pas en adhérant au PSU. Plongé dans le chaudron de cette formation, j’ai participé à ses différentes évolutions programmatiques et stratégiques. Ainsi, lors d’une rencontre des jeunes PSU organisée à Grenoble, c’est à cette occasion que j’ai entendu Michel Rocard y apporter sa contribution dans l’analyse de la société française et ses perspectives politiques. Dès cette époque, il m’avait semblé que ce discours était éloigné des autres orateurs du moment. Par la suite, plusieurs lignes politiques se confrontaient et inévitablement, un courant réformiste animé par Michel Rocard s’affirmait et se « structurait ». Je participais donc à la Direction Politique nationale ainsi qu’aux nombreux séminaires de réflexion pendant les vacances, avec la participation - entre autres - de Michel Rocard.

Dans ce melting-pot qu’était le PSU, tout semblait possible. Très rapidement, Michel Rocard évolua vers une social-démocratie moderniste. C’est ainsi que l’élection présidentielle de 69 confirma sa présence sur la scène nationale. L’échec de la gauche aux différentes élections qui suivirent ont marqué le peuple de gauche. Très rapidement, après Épinay et la fondation du nouveau PS, Michel Rocard tira la conclusion qu’il apparaissait indispensable de se fondre dans la construction d’une grande force politique unitaire avec le PS de F. Mitterrand. Cette question fut tranchée par une convention nationale qui désavoua la ligne d’un large rassemblement avec le PS.

La fédération du PSU dont j’assumais la responsabilité décida majoritairement de suivre Michel Rocard avec des milliers d’autres militants rocardiens dans cette aventure, au moment des Assises du Socialisme, avec la participation de la CFDT. Une nouvelle époque de la gauche était ouverte qui vit à la présidentielle de 1981 la victoire de François Mitterrand ; et la formation d’un gouvernement avec Michel Rocard comme ministre. Vers la fin de l’année 1981, Michel Rocard me proposa de venir rejoindre son cabinet avec Jean-Paul Huchon, son directeur, que je connaissais depuis l’époque du PSU. Il me confia la tâche de suivre la gauche et plus particulièrement le PS. Michel Rocard considérait que les partis politiques concouraient à la vie démocratique et à sa vitalité d’une part et d’autre part structuraient le champ politique. Au cours de ces années, son attention était restée intacte malgré les vicissitudes et la complexité de ses relations avec cette institution politique.

Avec cette expérience et la chance d’avoir travaillé à côté d’un homme d’État, un grand penseur de la gauche, curieux et sans avoir jamais cessé de réfléchir à l’émancipation des hommes et aux grands défis des temps présents, ces moments particuliers dans ma vie m’ont profondément enrichi et marqué. Michel Rocard manque aujourd’hui plus que jamais dans le renouvellement de la pensée progressiste.

Jean-Claude PETITDEMANGE

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