Parcours rocardiens
« Le rocardisme n'est pas seulement un corpus doctrinal, avec ses évolutions et ses invariants, (…) ce fut aussi une histoire collective - on serait même tenté d'écrire : des histoires collectives. Plusieurs générations dans la seconde moitié du XXe siècle se sont ainsi reconnues, à des moments divers, dans le parcours et le discours de Michel Rocard ; paraphrasant Malraux, on pourrait écrire : « tout le monde est, a été ou sera un jour rocardien », tant il y a eu de « demeures dans la maison du Père ». Certains l'ont accompagné de bout en bout, d'autres un moment seulement, mais tous ont conservé un souvenir fort de ce compagnonnage et rares sont ceux qui, même après avoir emprunté d'autres chemins, n'en font pas état avec révérence. »
« De fait, il n'y aurait pas eu de rocardisme s'il n'y avait pas eu de rocardiens. L'exploration de ces galaxies complexes, parfois à des années-lumière les unes des autres, où l’on trouve des grands patrons comme des militants syndicalistes, des hauts fonctionnaires et des étudiants, des révolutionnaires et des réformistes, des militants politiques comme des figures de la société civile, des chrétiens et des agnostiques mais aussi des francs-maçons, fait partie intégrante de la compréhension du rocardisme. Ces réseaux composites colorent, chacun à leur manière, les différents temps du rocardisme et permettent d'en comprendre la portée, à la fois dans son message et dans son incarnation. »
Alain BERGOUNIOUX et Jean-François MERLE, Le rocardisme, devoir d’inventaire, éditions du Seuil, Paris, 2018.)