Marcel MARCHAND
Juin 2024
La fidélité haute-marnaise
Au retour de 27 mois d’Algérie - merci à Guy Mollet - Michelle, ma compagne, et moi décidions d’adhérer au PSU au 1er janvier 1961. Nous nous retrouvons ainsi en cohérence avec la lutte que nous avons menée sur le terrain contre la guerre d’Algérie et celle que mène le PSU, et en particulier Michel Rocard, et notre espoir de promotion d’un socialisme démocratique. Nous voilà au sein d’un petit groupe de militants dont je deviens secrétaire mais qui grossit très vite pour devenir en mai 1968 une section de 45 membres comptant 5 professeurs agrégés du principal Lycée de Saint-Dizier et un groupe d’entreprise à l’I.H.F - usine de fabrication de tracteurs Mac Cormick de 3 300 ouvriers - qui diffuse un bulletin d’entreprise.
La fédération de Haute-Marne du PSU - dont je suis secrétaire fédéral adjoint - diffuse un journal de 4 pages chaque trimestre à 15 000 exemplaires, dont 5 000 à Saint-Dizier à la porte des entreprises. Devenue une force militante, la section PSU participe aux élections municipales de 1965 au sein d’une liste commune avec le PCF ; Jacques Duclos en personne viendra me rencontrer dans l’après-midi pour intervenir au meeting de la soirée, alors que les dirigeants locaux m’avaient refusé la parole. Mais nous serons battus de peu au second tour, la SFIO ayant fait alliance avec le MRP.
La campagne de l’élection présidentielle de 1969 est vraiment l’élément marquant pour notre parti. Michel Rocard et François Soulage viennent à Saint-Dizier, dînent et couchent à la maison et Michel tient un meeting dans un théâtre municipal archi-comble. C’est l’euphorie !
La campagne des élections municipales de 1971 s’organise autour d’une liste PCF- PS et PSU dont elle sort gagnante. Le poste d’adjoint aux affaires sociales me revient et, avec l’accord de la municipalité, j’engage la résorption des deux gros bidonvilles existants sur le territoire de la commune. Mission accomplie au 31 décembre sans intervention de la police.
Les Assises du Socialisme sont un drame pour la section, dont les deux tiers refusent de rejoindre le PS. C’est un gâchis : deux ans après, le PSU maintenu aura disparu. Mais auparavant, ils auront réclamé le poste d’adjoint que je retrouverai plus tard au PS.
Dans ce parcours rocardien, il me faut aussi mentionner ma participation à la Commission nationale des conflits du PSU de 1967 à 1974 et il me faut reconnaître qu’elle n’a pas chômé. J’ai présidé la séance le jour où nous avons exclu Jean Poperen du PSU.
Sur le plan électif, j’ai également fait un mandat au Conseil régional de Champagne-Ardenne, trois mandats en qualité d’administrateur du Centre hospitalier de Saint-Dizier et un quatrième comme président du C.A où les principes du rocardisme à savoir forte implication, écoute et recherche du consensus m’ont été très bénéfiques.
Mais, selon l’initiative de Michel Rocard, le rocardisme s’exprime aussi par le Club « Convaincre 52 » que nous créons en novembre 1987 avec mon ami Georges Voirnesson, qui en devient président et j'en suis le secrétaire. Le Club organise en moyenne trois conférences - débats par année, ouvertes à tous et animées soit par des personnalités locales, soit par des membres nationaux de la Rocardie.
Après Gérard Fuchs, qui est venu lancer le Club, nous avons accueilli Sylvie François, Jacques Salvator, Claude Evin, François Soulage, Alain Bergounioux, Catherine Trautmann, Pierre Moscovici, Jean-François Merle, pour n’en citer que quelques-uns. « Convaincre 52 » est, me semble-t-il, le seul survivant en France et poursuit sa route en organisant le 5 juillet une conférence-débat en partenariat avec le Groupe d’Amnesty - que j’ai présidé durant 20 ans - sur le thème : « La surveillance de masse, Progrès ou danger ? ».
Voilà mon parcours, qui s’achèvera dans quelque temps. 90 ans en sont la cause.
Marcel MARCHAND
Ancien secrétaire fédéral de la Haute-Marne, Ancien adjoint au maire de Saint-Dizier