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"Pierre Mauroy, le dernier socialiste" par Pierre-Emmanuel Guigo : un portrait attachant

La photo aux couleurs sépia qui illustre la couverture de la biographie que Pierre-Emmanuel Guigo consacre à Pierre Mauroy (1928-2013) illustre le message subtilement nostalgique de l’auteur.

Il s’attache à redonner vie à un homme, une histoire, une époque, proches de nous dans le calendrier et, pour certains, dans les cœurs, mais qui paraissent s’être effacés dans les lointains. L’ancien maire de Lille, fils d’un instituteur du Nord, a toujours lutté pour que le PS ne soit pas « coupé de son histoire ouvrière, populaire et réformatrice des conditions de travail et de vie ». Dans cet esprit, Mauroy a été « le dernier socialiste ». Il fut d’abord un enfant du Nord resté toute sa vie fidèle à ses origines, renforcé en cela par son épouse Gilberte dont l’auteur décrit la rencontre « lors d’un bal socialiste à l’hôtel de ville de Cambrai ». Fidèle aussi à sa culture laïque héritée de son père et à sa culture catholique issue de sa mère. Il lui faudra du courage en juillet 1984 pour démissionner de son poste de Premier ministre en raison du recul du président Mitterrand sur le projet de loi Savary d’unification du service public de l’éducation. Il confirme en ces moments de crise politique la fermeté de ses convictions. L’année précédente, en mars 1983, il manifesta la même fermeté pour assumer le « tournant de la rigueur », et éviter ainsi que la politique socialiste ne soit assimilée aux déficits publics et s’achève en crise financière.

Guigo suit au long cours la fidélité de Pierre Mauroy à François Mitterrand rencontré lors de la campagne présidentielle de 1965 et auquel il vouait une forte admiration stratégique, sans omettre son amitié plus ancienne encore pour Michel Rocard. L’auteur évoque bien sûr ses quatre mandats à la mairie de Lille qui furent selon Pierre Mauroy, la plus belle part de sa vie politique. Il mentionne les débats des congrès du PS mais épargne au lecteur leurs plus obscurs méandres. Il s’achève avec la présidence de l’Internationale socialiste où Mauroy prit, avec la foi d’un européen convaincu, la succession de Willy Brandt. Un portrait attachant d’une belle figure du mouvement socialiste.

François STASSE

Administrateur de MochelRocard.org

Pierre-Emmanuel Guigo. Pierre Mauroy, le dernier socialiste. Passés/composés, 383 p. 

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