Fragments de correspondance entre Michel Rocard et Eric Westphal

En 2010, à l’occasion de son 80e anniversaire, Michel Rocard prononça un long discours dans lequel il revenait sur les différentes phases de sa carrière, en rendant hommage aux amis présents dans la salle : « Commençons par la réconfortante sécurité des amitiés longues, celle qui survivent à tout.

Cher Éric Westphal, et chère Martine bien sûr. Éric, nous avons fait connaissance en 1937 en

primaire à l'école Alsacienne. Que de parties d'échecs mais là je perds la main, ostensiblement. Que de retrouvailles, rares mais toujours joyeuses. 73 ans d'amitié, nous mériterions une mention au Guinness des records. Comment oublier que sans toi il n'y aurait jamais eu de rapport Delouvrier sur les regroupements en Algérie, le premier mais aussi l'un des plus rudes et des plus dangereux de mes combats. Monsieur l'Inspecteur Général du Théâtre à toutes ses places dans une telle soirée. »

Éric Westphal (1929-2021) était donc cité comme étant le plus vieil ami de Michel Rocard. Auteur de théâtre, collaborateur de Jean Monnet à Luxembourg et de Paul Delouvrier en Algérie (on reviendra sur cette période ci-après), il entretint de 1947 à 2012 une correspondance avec son ami de l’École alsacienne. Peu avant de disparaître, il nous avait autorisé à la photographier. Le premier des trois volets concerne l’année 1947, où le jeune Rocard (17 ans), « Hamster érudit » (qu’il dessine aussi sur la lettre), empreint de foi et d’esprit scout, s’adresse à son ancien camarade. Nous publions les transcriptions avec l’aimable autorisation de Mme Martine Westphal.