Mayotte : ne pas ajouter l’indécence à la catastrophe
La catastrophe qui a dévasté l'archipel de Mayotte a deux causes principales : l'extrême violence du cyclone Chido, avec des vents de plus de 220 km/heure et l'œil du cyclone qui est passé juste au-dessus de la Grande Terre, en premier lieu ; mais aussi l'extrême précarité dans laquelle vit une grande partie de la population et la prévalence d'un habitat informel totalement incapable de résister aux éléments qui s'étaient déchaînés, même si des constructions en dur ont également été sérieusement endommagées. Tout est à reconstruire et les urgences sont innombrables. Du point de vue du défi que cela pose à la France dans sa relation aux outre-mer, le sénateur de Mayotte Saïd Omar Oïli n'avait pas tort de comparer ce drame à celui de l'éruption de la Montagne Pelée, en 1902, en Martinique, qui avait enseveli la ville de Saint-Pierre et causé 30.000 victimes.
Dans ce contexte, l'intervention du ministre de l'intérieur démissionnaire, M. Retailleau, faisant de l'immigration clandestine très importante à Mayotte une des circonstances aggravantes de la catastrophe, dépassait toutes les bornes de l'indécence. Il est revenu sur une proposition fétiche de la droite et de l'extrême-droite : prétendre que modifier les conditions d'exercice du droit du sol à Mayotte sera de nature à réduire l'immigration clandestine. Cette proposition, dont la mise en œuvre nécessiterait une révision constitutionnelle, fait l'impasse sur l'histoire compliquée de cette île de l'archipel des Comores, dont elle s'est séparée depuis 1974. Dans un article publié sur le site Telos, en mars dernier, Jean-François Merle, ancien conseiller de Michel Rocard pour l'outre-mer et président de MichelRocard.org, était revenu sur ce passé et expliquait pourquoi le déni des réalités historiques, géographiques et sociales ne peut pas produire de bonnes solutions.
Même si l'urgence de la solidarité avec les populations mahoraises est aux antipodes de ces problématiques, il nous est apparu utile de vous redonner accès à cet article, en cliquant sur le lien ci-dessous :